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Les Autres espèces de poissons migrateurs du bassin Rhône-Méditerranée
Le Mulet Porc (Chelon ramada – anciennement Liza Ramada)
Cette espèce, qui appartient à la famille des Mugilidae, se reproduit en mer avant de venir coloniser les milieux aquatiques continentaux. Le Mulet porc est capable de migrer sur de longues distances entre les eaux marines et douces, que ce soit pour se nourrir ou pour grandir puis retourner se reproduire. L’espèce est donc fréquemment rencontrée dans une grande diversité de milieux, tels que les fleuves, estuaires, voir dans des marais et des lagunes pour les individus les plus jeunes.
La migration anadrome (vers les fleuves) s’effectue du printemps au début de l’été et la migration catadrome (vers la mer) en automne. La reproduction a lieu en mer de l’automne à l’hiver. Les femelles peuvent pondre plus de 300 000 œufs par kilo de leur propre poids. 3 à 4 mois plus tard, les juvéniles vont coloniser les zones littorales.
Essentiellement brouteurs, les mulets se nourrissent principalement d’algues épiphytes, mais aussi de détritus organiques divers et de petits organismes benthiques.
Peu exigeant en terme d’habitats et de ressources en comparaison d’autres migrateurs, le Mulet porc apparait peu perturbé par la fragmentation des milieux. Les changements climatiques pourraient même le favoriser au regard des connaissances sur cette espèce. Elle est donc classée en « Préoccupation mineure » par l’UICN, et ne bénéficie à ce jour d’aucun statut de protection particulier.
Sur le Rhône, le Mulet porc fait partie des espèces comptabilisées dans le cadre du suivi de la passe à poissons de Sauveterre. Entre 10 000 et 70 000 individus sont comptabilisés chaque année.
Le Flet Commun (Platischtys flesus)
Le Flet commun (aussi appelé Flet d’Europe) est un poisson plat appartenant à la famille des Pleuronectidés. Cette espèce au régime alimentaire varié (mollusques, crustacés, annélides, petits poissons, etc.) vit la plupart du temps assez près des côtes. Très tolérante aux variations de salinité, elle peut être observée sur les parties aval des bassins continentaux, dans les estuaires et lagunes, voir jusqu’à une centaine de profondeur en mer.
La reproduction a lieu en mer ou en eau saumâtre, généralement entre la fin de l’automne et le début du printemps. En fonction de leur taille, les femelles sont capables de pondre de 400 000 à 2 000 000 d’œufs.
A leur naissance, les larves présentent une morphologie similaire aux autres espèces piscicoles. Ce n’est que vers la taille de 15-30 mm qu’elles vont subir la métamorphose caractéristique des poissons plats : aplatissement dorso-ventral et positionnement des yeux sur le flanc. Chez le Flet, les yeux se positionnent sur le flanc droit. On parle de symétrie dextre, au contraires d’autres espèces comme la sole, chez qui les yeux se positionnent sur le coté gauche (symétrie sénestre).
Le Flet commun est régulièrement observés sur les cours d’eau de la façade atlantique (Charente, Gironde, etc.). En Rhône Méditerranée, les informations sur la présence de cette espèce sont quasi-inexistantes. Un individu isolé a néanmoins été observé sur le Rhône en 2019 au niveau de la passe à poissons de Sauveterre, certifiant ainsi sa présence, au moins ponctuelle, sur le bassin rhodanien (vidéo).
La Lamproie fluviatile (Lampetra fluviatilis)
Migrateur amphihalin anadrome, la Lamproie de rivière (ou lamproie fluviatile) est un agnathe ectoparasite.
La migration/reproduction de cette espèce est comparable à celle de la Lamproie marine.
Les futurs géniteurs vont commencer à coloniser les rivières en début d’année, puis la reproduction se déroule entre mars et mai. Les individus vont créer des « nids » d’une cinquantaine de centimètres de circonférence au niveau du substrat. Chaque femelle peut potentiellement pondre plus de 100 000 oeufs. Les reproducteurs mâles et femelles meurent peu de temps après.
La présence du genre « lampetra », auquel appartiennent les lamproies fluviatiles et les lamproies de planer, est régulièrement détectés par les biais des prélèvements ADNe réalisés en Rhône Méditerranée. La distinction des deux espèces n’est toutefois pas possible.
En l’état, peu d’informations sont disponibles pour attester de la présence certaine de cette espèce en Rhône Méditerranée, mais elle est considérée « en régression » sur l’ensemble de son aire de répartition.
L’Esturgeon européen (Acispenser sturio)
L’Esturgeon européen appartient à la famille des Acipenseridés, une des plus anciennes familles de poissons osseux existant encore sur Terre à ce jour. Cette espèce se reproduit en eau douce après avoir passé l’essentiel de sa vie en eau salée ou saumâtre (on parle d’espèce anadrome, à l’instar de l’Alose, de la Lamproie ou du Saumon atlantique). La migration de reproduction a lieu au printemps.
Il se nourrit principalement de petits animaux benthiques et d’invertébrés (vers, crustacés, etc.) vivant sur le substrat.
Unique de par sa taille et son aspect, il s’agit du plus grand poisson migrateur anadrome présent en France, qui peut mesurer jusqu’à 5m. Il présente également une longévité assez exceptionnelle, d’une quarantaine d’années.
Du fait de sa longévité, l’Esturgeon européen possède un cycle de vie particulièrement long, avec des femelles qui acquièrent la maturité sexuelle au bout de 12 à 16 ans, et les mâles entre 8 et 10 ans. Les femelles peuvent pondre entre 300 000 et 2 000 000 d’œufs.
Cette maturité tardive, en lien avec la destruction/pollution de son habitat, la surpêche, en fait une espèce particulièrement fragile, aujourd’hui classée en danger critique d’extinction en France et dans le monde.
Elle a d’ailleurs complètement disparue du bassin Rhône Méditerranée depuis les années 1950, et ne persiste plus aujourd’hui que sur le bassin Gironde-Garonne-Dordogne, où elle fait l’objet d’un programme de sauvegarde (Plan National Esturgeon) et de repeuplement depuis 2008.
POUR EN SAVOIR PLUS
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